« Pacific Climate Warriors » : les jeunes du Tuvalu, en première ligne des changements climatiques

« Pacific Climate Warriors » : les jeunes du Tuvalu, en première ligne des changements climatiques


Le Tuvalu est un micro-Etat, perdu dans le Pacifique Sud, à deux heures d’avion au Nord des Fiji. Il est constitué de 9 atolls coralliens dont l’altitude moyenne ne dépasse pas deux mètres au-dessus du niveau de la mer. De par sa position, le Tuvalu est donc 
l’un des pays les plus menacés au monde par les changements climatiques et la montée des eaux qui en résulte. Les experts de l’ONU et du GIEC affirment qu’il serait le premier pays à disparaître sous la montée du niveau des océans au cours du vingt-et-unième siècle.

L’atoll principal du Tuvalu et sa seule route - Funafuti, vu du ciel

 
Aujourd’hui le Tuvalu compte environ 10.000 habitants, dont beaucoup partent déjà chaque année. Les jeunes, surtout, sont les plus concernés par les migrations climatiques. Comme nous l’explique l'ancien Premier Ministre du Tuvalu, la plupart quittent très tôt leur atoll natal pour trouver du travail et pouvoir se nourrir : en effet, l’érosion et la montée des eaux rendent impossible toute agriculture. Ils partent le plus souvent pour Funafuti, la capitale ; mais aussi pour la Nouvelle-Zélande ou l’Australie.

Les jeunes en première ligne


Jeunes femmes membres de 350 Tuvalu, plantant des mangroves pour reconstruire les côtes Sud du pays

Lorsque les conséquences du réchauffement global se font déjà sentir, les jeunes sont toujours en première ligne. Que ce soit par leur vulnérabilité lorsqu’ils sont petits, ou par le manque d’opportunités lorsqu’ils sont plus grands, ils comptent parmi les plus impactés par les catastrophes naturelles au rythme croissant, par la montée des eaux, par la fonte des glaces, par la raréfaction des ressources et les maladies qui peuvent en découler.

Pourtant, si les jeunes sont les plus gravement impactés, ils sont aussi ceux qui possèdent le plus de ressources, de potentiels, pour changer les choses. Lors de notre Trek des Alternatives dans le Pacifique et en Asie, nous avions déjà constaté l’engagement massif des jeunes ; mais au Tuvalu, nous avons été impressionnés par leurs initiatives. Les jeunes, particulièrement les jeunes femmes, dédient la majeure partie de leur temps à des initiatives bénévoles avec les principales associations présentes dans le petit pays : 350 Pacific et la Croix Rouge notamment.

Sensibiliser les plus âgés ou via les réseaux sociaux, éduquer les plus jeunes, aider à la construction de bâtiments publics plus résistants à l’érosion, à la transition vers les énergies durables, planter des mangroves pour restaurer les côtes et donc protéger les villages des catastrophes naturelles et de la montée des eaux, voilà comment ces jeunes occupent le plus clair de leur temps.

« Lorsqu’on parle de changements climatiques, les jeunes sont en ligne de front. Pourquoi n’utilise-t-on pas leurs potentiels énormes pour faire la différence ? » - Milikini Failautusi, jeune membre de 350 et représentante des Jeunes du Pacifique aux sommets internationaux sur le climat

Portraits de jeunes tuvaléennes engagés à voir sur le site www.wanangatrek.com

Vers un tourisme durable ?

Pour l’instant, le Tuvalu est le pays le moins touristique que nous n’ayons jamais visité. Un seul hôtel, détenu par le gouvernement et donc hors de prix, aucun magasin, aucune attraction touristique. Même pas une carte postale n’est trouvable dans le pays !

Aucune agence, aucun organisme, aucune infrastructure ne sont pour l’instant présents à Tuvalu pour accueillir des touristes. Les seuls étrangers qui s’y rendent sont des chercheurs, des volontaires, des membres de gouvernements, des spécialistes du changement climatique ; et, plus rarement, des curieux.

Le Gouvernement, avec qui nous avons pu discuter à de nombreuses reprises, affirme que le développement touristique est dans l’agenda, mais compte tenu des vulnérabilités des neuf atolls face à la montée des eaux, celui-ci ne peut se faire comme un développement touristique « classique » ; c’est-à-dire au détriment de la nature.

Une nouvelle forme de tourisme va donc probablement y naître, mais un tourisme qui aura « sauté l’étape » du développement chaotique et énergivore. Les touristes qui se rendront au Tuvalu seront donc des éco-volontaires en même temps, ils planteront des mangroves, aideront les associations, les écoles, etc. Mais pour l’instant, le problème de l’accessibilité persiste !

Jeunes en train de planter des mangroves dans le Sud du pays

Pour aller plus loin :

- Un article sur les migrations climatiques au Tuvalu : « Tuvalu, un laboratoire du changement climatique ? », F. Gemenne, in Revue Tiers-Monde, janvier 2010
- Le site www.wanangatrek.com pour voir des portraits de jeunes acteurs du changement au Tuvalu et dans d’autres pays situés en première ligne du réchauffement global
- Le site www.350pacific.org où sont recensées toutes les campagnes des Pacific Climate Warriors ainsi que des ressources, vidéos, photos, etc 

Article et photos d'Anne-Sophie Roux